“Gourmand à croquer !”
Ce semestre, j’ai décidé de m’aventurer pour vous dans la poétique bourgade de Fribourg afin d’y découvrir les délices “sauces et terres” du restaurant qui a fait couler l’encre de plus d’une cartouche : Le Sarinia.
L’Equipe : La brigade est chapeautée toquée d’une chef.fe.x de cuisine dont la bonne mine n’a d’égale que son amour pour la nourriture, inclusive soit-elle. Ayant mis les petits plats dans les grands, son menu de saison, bien que très copieux, fut un véritable régal. À ses côtés se trouvait premièrement un premier sous-chef prometteur, qui hélas ne fit pas (asca)long feu. Devant au premier chef le remplacer, un second premier second aux airs messianiques se dévoua et repris son rang avec brio.
Quant au Maître d’hôtel - qui me lira peut-être — celle-ci a assuré un service sans faute en parvenant à recruter une pléiade de nouveaux serveurs d’exception (9). Atteignant ainsi un effectif de 43 membres, dont une galamment élue au CC, nous ne pouvons que joyeusement constater que la cuisine se porte à merveille.
L’Endroit : Alors que le restaurant ouvrait à peine ses portes, une première embûche survint : incapable de trouver son lieu ! En effet, depuis la crise sanitaire de 2020 et tout le bruit autour du COVID, certains, révoltés de tout ce vacarme (ci-après : « anti-vac ») et las qu’on leur demande le passe partout, suggérèrent qu’on troque le standing de l’Aigle Noir pour un service chez l’habitant, à défaut d’un carnotzet. Demeurant un moment indécis, les sariniens, après plusieurs décis se décidèrent : ils allaient scinder les évènements du semestre. Car au final, qu’importe le lieu, pourvu qu’on ait stamm, n’est-ce pas ?
Le Menu : À peine avions-nous fini de digérer la cérémonie de clôture du 125e orchestré par les grands chefs de Chez Rubin, que notre grand voyage gastronomique débutait.
Après le traditionnel verre de bienvenue, nous avons pu en préambule, nous délecter d’un plat typique de la région fribourgeoise : l’emblématique fondue moitié-moitié (½ sarinien, ½ grévirien, le tout généreusement arrosé de blanc). N’en déplaise aux puristes du fromage unique, cette recette donna lieu à une resplendissante MISE EN BOUCHE.
Puis arriva l’automne et son indissociable APERITIF : un plat des plus hétéroclites à base de toasts, incorporant habilement les saveurs, tant anciennes qu’actives.
En guise d’HORS‑D’OEUVRE, la cuisinière en chef qui, rappelons-le est valaisanne, nous a fait découvrir — en toute simplicité — une spécialité de chez elle : la Brisolée. Accompagné de la dive bouteille (Valais oblige), ce plat fut aussi charmant que radieux.
Lorsqu’arriva le POTAGE façon « sociétaire » – curieuse concoction froide composée de malt, houblon levure et eau – les convives, adeptes de la renommée « Potagecup », décidèrent de tous s’affronter en duel. Répondant du tac au tac à cet affront l’un d’eux parvint sans effort à remporter la coupe.
Quant à L’ENTRÉE, celle-ci fut particulièrement renversante ! Entièrement préparé par les petites mains au service, ce mets ambrosien aux parfums gréco-romains n’eut aucun mal à mettre nos papilles en éveil. Nous faisant grasse [sic] de l’onctueuse bièraubeurre, cette mixtion de polynectare et de philtre d’amour fut un délicieux moment de détente pour le palais – à défaut de l’avoir été pour le foie…
Le PREMIER PLAT, quoique plus patriotique, nous a tout de même fait voyager : il s’agissait d’une escapade à la zurichoise façon Orion – de quoi bien se faire péter la ceinture. L’irréprochable cuisine étoilée n’a eu d’égal que l’accueil qui nous a été réservé par les cuistot(o)s.
Une fois s’être gorgés d’amitié et de nouvelles rencontres, nous avons vertueusement enchainé avec le DEUXIÈME PLAT. Concocté par notre aumônier descendu de son église sur la colline pour l’occasion, celui-ci s’est dévoué corps et âme. Spécialité à base de foi, la présentation était de toute richesse, sans pour autant tomber dans l’étouffe-chrétien.
Mais trêve de nourriture spirituelle, place au FROMAGE ! L’air froid fribourgeois commençant à guetter nos tablées, la chef — infidèle tant au gruyère qu’au vacherin –nous servit son incontournable raclette. Issue tout droit des fours rutilants de l’Abbaye de St-Maurice, nos
estomacs furent vite mis au chaud. Quant à nos cœurs, ceux-ci furent mis en fête par l’égayante hospitalité de nos hôtes agauniens.
Ayant tous gardé la fameuse “petite place” pour le DESSERT, nous pûmes sans vergogne nous repaître de l’esculent entremets trilogique de la Saint- Nicolas Aslan. Bercés par des chants de messes d’une beauté édénique, nous fluctuions entre fuchsification solennelle et vaudeville westernien. Cerise sur le gâteau, nous assistâmes à la promotion d’un de nos serveurs, acclamé par un tonnerre d’applaudissements et une hémorragie de bonheur !
Le CAFE fut placé sous le signe de la courtoisie & du savoir-vivre. Le particulé Dauphin de l’Etiquette, présent pour l’occasion, nous inculqua les usages du monde et l’art de la table.Désormais érudit en la matière, nous remîmes le couvert.
Je ne m’attarderais pas sur le DIGESTIF, mystérieuse boisson druidique dont la teneur en alcool n’aide pas quant à sa prononciation. Kr..Kroma…Krambali…boulyne…Bref, passons !
Rassasiés, certains virèrent au vert lorsque le chef, dans un élan de cuisine fusion, apporta d’immiscibles MIGNARDISES : panier de vaudoiseries helvetio-zofingiennes recouvertes d’une sauce blanche maison. Mélange à première vue indigeste, une bouchée suffit pour faire disparaître l’appréhension et laisser place au plaisir goûtu du fruit défendu.
Cette fois-ci repu, sonna l’heure de L’ADDITION, du coup de fusil, de la douloureuse. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque l’on m’annonça qu’une âme charitable avait offert ce repas hérculéen. Une généreuse mécène, dénommée Ancienne, que j’aimerais remercier, de son intarissable bienveillance et de son incessant soutien.
Attristé d’apprendre que le restaurant itinérant fermerait pendant l’hiver, on m’annonça qu’un chef doublement étoilé reprendrait le flambeau dès la saison nouvelle. Bien que certains amis râlèrent quant à la fermeture de l’unique Aigle Noir, le Six Hérons lui succédera le temps de l’intersemestre. Je souhaite tout plein de succès et de courage au prochain cordon-bleu ainsi qu’à sa troupe, car après un tel festin, il y aura du pain sur la planche pour nous remettre en appétit…
Ludovic Loretan v/o Cartouche